« Sur une rive, la littérature, sur l’autre, la peinture. Entre les deux, un pont qu’empruntent les écrivains et les peintres, fascinés par la beauté d’une toile de l’un, puisant l’inspiration dans un roman de l’autre. » C’est ainsi que Catherine Meurisse, membre de l’Académie des beaux-arts, décrit la particularité de ce passage qu’est le pont des Arts dans sa bande dessinée. Reliant la rive gauche au musée du Louvre, c’est l’un des plus beaux points de vue de la capitale. Sur le fronton du palais baroque figure Minerve, protectrice de l’Institut de France et de ses cinq Académies. Apparentée à l’Athéna grecque, cette déesse guerrière, fille de Zeus, personnifie la vivacité de l’intelligence créatrice, la sagesse et préside toutes les manifestations du génie humain.
Installé par Napoléon
L’édifice, construit par l’architecte Louis Le Vau, premier siècle, il abritait le collège des Quatre-Nations, fondé selon la volonté du cardinal Mazarin pour éduquer des jeunes gens originaires des quatre provinces nouvellement rattachées à la France (Pignerol, Alsace, Artois et Roussillon). C’est à Napoléon I que l’on doit l’installation de l’Institut dans le palais du quai de Conti. Destiné à remplacer les académies royales, il était chargé de recueillir les découvertes, de perfectionner les arts et les sciences. Pour répondre aux nouvelles fonctions du lieu, l’architecte Vaudoyer transforma l’ancienne chapelle du collège. Depuis plus de deux cents ans, c’est sous cette double coupole, circulaire à l’extérieur et ovale à l’intérieur – témoignage de la virtuosité de son architecte Louis Le Vau –, que se tiennent les cérémonies d’installation des nouveaux académiciens, les remises des grands prix des fondations, les séances solennelles de rentrée, les commémorations nationales… À l’occasion de ces événements, les académiciens descendent les escaliers reliant la coupole à la bibliothèque de l’Institut, au son des tambours de la Garde républicaine, vêtus de leur habit vert (en réalité bleu foncé ou noir, brodé de rameaux d’olivier vert et or, d’où son nom « d’habit vert ») et portant pour la plupart l’épée, qui était à l’origine le signe de leur appartenance à la Maison du roi.