L’enquêteur : Philippe Jaenada
i l’on parle aujourd’hui avec Philippe Jaenada, c’est parce qu’il a, une fois encore, commis un ouvrage d’une impressionnante envergure. 753 pages, tout de même, et pas une ligne ennuyeuse. Quatre ans de travail, confirme-t-il, sans vacances, avec le strict minimum de sommeil, une quête titanesque d’archives et un baby-blues carabiné. Le tout pour décrypter qui traitait du triple crime du château d’Escoire, Jaenada doit rencontrer lors d’une émission radiophonique l’avocat Henri Leclerc, qui a jadis défendu Léger: «Afin d’en savoir un peu plus sur mon interlocuteur, j’ai lu ses mémoires, où il revient sur les affaires sur lesquelles il a travaillé. Il y a ce passage trouble où il écrit que Léger est très probablement coupable mais qu’il subsiste un doute…» Il n’en faut pas plus pour intriguer l’écrivain qui, jugeant d’abord peu sympathique le «monstre trop visible» qu’est Lucien Léger, tombe un jour sur les lettres de son épouse : «Alors que je ne trouvais jusqu’ici que de l’effroi et du dégoût, j’ai enfin tenu mon livre.» Solange Léger, de santé fragile, régulièrement internée et qui décédera dans de mystérieuses circonstances, s’inscrit dans la lignée d’autres personnages féminins dépeints par Jaenada, notamment Pauline Dubuisson, héroïne de condamnée pour le meurtre de son amant en 1953 : «À l’époque, si une femme se comportait d’une manière qu’on ne comprenait pas, elle était considérée comme diabolique ou hystérique. On a dit de Pauline qu’elle était extrêmement cruelle, tout comme on a jugé Solange folle, ce qui n’était pas le cas. Leurs histoires me déchirent le cœur, et ce sont elles qui m’ont le plus inspiré.»
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