Eh bien, casquez maintenant!
AH LA VOILÀ! LA SACEM. LE PLUS FROID DES MONSTRES FROIDS. En matière de droits, l’Etat est toujours le meilleur dans le pire. Peu importe qu’il grêle, qu’il pleuve, ou que les Allemands s’essuient les pieds sur nos paillassons, il faut remplir les caisses, payer son loyer…, en francs, en marks, qu’importe. Enfin, tout ça, c’était avant que les Daft ne clament haut et par écrit, l’injonction des punks biberonnés à la chanson de geste: no future.
Ça a commencé comme ça. Avant les fils, il y avait les pères, mais c’est une histoire dans l’histoire. Donc, Thomas et Guy-Manuel, deux grands bonhommes du tout petit Paris, armés d’un Moog et de nouvelles idées, inventent la bande-son d’une génération, les années 1990, fin du siècle de la camelote, des totalitarismes et. Si bien que lorsque Tom et Guy souhaitent intégrer la Sacem, honorable institution qui gère, collectivement, les droits des auteurs compositeurs depuis 1851, c’est avec des idées bien arrêtées. En bon fils, Thomas Bangalter a écouté son père. Le voilà tranquille aux dîners de famille. Il écoute, apprend à se méfier, des gens autant que des institutions. Son père, David Bangalter, alias Daniel Vangarde, chanteur et producteur des années 1970, n’a pas la Sacem en odeur de sainteté. Il est convaincu que celle-ci a spolié des artistes juifs pendant la guerre. Son fils, qui cultive le goût de l’anonymat, est promis à la célébrité. Le 4 décembre 1996, le duo dépose une demande d’adhésion quelque peu inhabituelle. Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo souhaitent confier à la Sacem, pour les , la gestion de l’ensemble de leurs droits d’auteur, à l’exception de deux catégories: (I) le droit de reproduction sur supports de sons et d’images, ainsi que le droit d’exécution publique au moyen de ces supports et (II) les droits d’exploitation résultant du développement technique ou d’une modification de la législation dans l’avenir. En somme, Daft Punk veut gérer seul le boom de l’Internet. Près d’un an plus tard, la Sacem fait savoir aux Daft qu’elle refuse leur inscription au motif que Bien qu’inscrits à la PRS (pour l’Angleterre), excluant les deux catégories précitées, le problème n’est pas résolu. La philosophie de la Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique est claire: c’est tout ou rien. Et si la Sacem propose une gestion collective globale, c’est bien pour protéger les auteurs contre les horribles majors. Un mal pour un bien donc. Cette absence d’adhésion a un impact direct sur les redevances perçues par la Sacem auprès des utilisateurs de la musique du groupe. Si les Daft Punk n’ont pas confié leurs oeuvres à la Sacem, comment cette dernière peut-elle les indemniser? Souhaitant apurer la situation, elle décide de régler les montants collectés à la société Delabel, qui détient un accord avec Bangalter et Homem-Christo. La situation reste bancale.
