Vous avez dit méthane ?
l est assez peu évoqué dans les émissions humaines de gaz à effet de serre. Il est incolore et inodore. Il est, il est… Ainsi aurait pu débuter une « question pour un champion », cherchant à faire deviner aux concurrents qu’il s’agit du… méthane. Tout comme le dioxyde de carbone (CO), ce gaz possède la propriété d’absorber le rayonnement infrarouge émis par la surface de la Terre, ce qui est, qui est inaltérable tant qu’il se trouve au milieu de l’atmosphère, et qui doit revenir au contact du sol pour en être soustrait, le méthane, lui, est épuré dans l’air par réaction chimique. De ce fait, sa durée de vie est bien plus courte que celle du CO : il ne faut pas attendre un siècle pour voir un surplus diminué de moitié après arrêt des émissions, mais plutôt dix ans. En revanche, à poids égal, le méthane est beaucoup plus efficace pour intercepter le rayonnement infrarouge terrestre que le dioxyde de carbone. Plus efficace dans l’absorption, mais épuré plus vite de l’atmosphère : au total, une tonne de méthane aura le même effet sur le climat, à l’horizon du siècle, que 28 tonnes de CO. Résultat, le gros demi-milliard de tonnes de méthane que notre espèce a introduit dans l’atmosphère en 2019 constitue l’équivalent d’une petite moitié des 35 milliards de tonnes de CO fossile émis la même année. On ne parle donc pas de bricoles ! Le méthane, au total, représente un quart des émissions humaines, après le CO qui en représente les deux tiers, les quelques pourcents restants venant du protoxyde d’azote et de divers gaz fluorés. A la différence des émissions de CO fossile, pour lesquelles les inventaires reposent sur des consommations d’énergie assez bien connues, celles de ce gaz se fondent sur des estimations plus lâches. Environ un tiers d’entre elles vient des animaux d’élevage qui ruminent : ovins, caprins et surtout bovins. Ce processus qui leur est particulier s’appuie sur un système digestif à quatre estomacs, où les végétaux ingérés fermentent, avec, donc, des émissions de méthane. Ces dernières sont plus ou moins importantes en fonction du régime alimentaire (manque de chance, l’herbe du pâturage en provoque davantage que le fourrage en ensilage), ce qui explique pourquoi, sauf à mettre chaque vache sous scaphandre, il n’est pas possible de mesurer exactement les émissions de l’ensemble du cheptel, mais seulement de les estimer à partir du nombre de têtes.
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