2021, l’année de tous les dangers
’année du vaccin contre le covid-19 est aussi celle de la biodiversité. Deux enjeux qui ne sont pas sans lien. « La pandémie ne serait jamais advenue si notre rapport à la nature était mieux maîtrisé », pointe Bruno David, président du Muséum national d’histoire naturelle, qui vient de publier (Grasset). Avons-nous enfin pris conscience de la richesse de la Terre après l’avoir tant malmenée depuis qu’ est devenu ? 2021 devrait donc marquer un tournant majeur dans notre rapport à la nature avec une série de rencontres internationales. Dès le 11 janvier, le sujet sera mis sur la table du One Planet Summit, qui devrait se dérouler en partie à Marseille; la ville abritera, en septembre, le congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature, où sera publiée sa liste rouge: l’inventaire le plus complet des espèces animales et végétales menacées. Enfin, la Chine accueillera, à Kunming, la COP 15 de la biodiversité. « Cette réunion doit être, pour la biodiversité, ce que la COP 21 fut pour le climat en 2015, à savoir un point d’étape crucial dans la prise de conscience des Etats », résume le directeur du plaidoyer de l’association WWF, Pierre Cannet. Signe d’intenses négociations diplomatiques, ce rendez-vous dans l’empire du Milieu est un symbole fort. Au point que, d’abord prévu en mai, il pourrait être déplacé à l’automne. « En fonction de l’évolution de la pandémie mais aussi parce qu’il vaut mieux prendre du temps pour aboutir à un acte majeur », souffle un diplomate. La question de la biodiversité souffre d’un complexe d’infériorité par rapport à celle du climat. Cela s’explique notamment par un déphasage chronologique: le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat est créé en 1998, alors que la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), son équivalent pour la nature, n’a que huit ans d’existence. « Par ailleurs, le climat est une notion simple qui répond à des indicateurs définis – température et humidité – alors que la biodiversité est un concept plus complexe, ajoute Bruno David. Il existe des milliers d’écosystèmes sur la planète, des millions d’espèces et des milliards d’interactions entre elles. » Difficile, donc, à l’échelle mondiale de prendre des décisions fortes. Pis, la lutte pour la préservation de la biodiversité manque cruellement d’un cap pour la nouvelle décennie. En 2015, l’accord de Paris en a fixé un pour le climat: « Limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle. » La biodiversité, via sa COP 15 chinoise, doit arrêter un objectif aussi fort. Plusieurs pays, dont la France, militent afin de mettre en place un cadre pour « protéger 30 % de la planète des activités humaines d’ici à 2030 ».
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