De moins en moins de guerres?
n novembre, la brutale reconquête par l’Azerbaïdjan de territoires qui lui appartenaient légalement est venue nous rappeler, une nouvelle fois, que les conflits armés n’ont pas disparu de l’espace européen. Mais cet éternel « retour de la guerre » masquerait une tendance plus profonde: la lente extinction, sur la plus grande partie de la planète, de la guerre comme (Les Belles Lettres, 2011)– est particulièrement remonté contre l’idée, popularisée notamment par Steven Pinker (, Les Arènes, 2017), selon laquelle la guerre et, plus généralement, la violence physique, n’ont cessé de décroître jusqu’à nos jours. Pour Taleb, il s’agit d’une illusion statistique. Il n’empêche: les données issues des principaux centres comptabilisant les conflits depuis 1945 (soit plus ou moins 300, en fonction des modes de calcul) permettent de discerner quelques tendances guère discutables. Premièrement, il y a moins de combats aujourd’hui qu’au temps de la guerre froide, qui voyait les deux blocs s’affronter par belligérants interposés (milices, mouvements de libération…). Deuxièmement, en proportion de la population mondiale, les guerres tuent de moins en moins. Troisièmement, la lutte armée traditionnelle entre Etats a quasiment disparu: sur les vingt dernières années, on comptabilise dans cette catégorie Inde-Pakistan, Ethiopie-Erythrée, Iran-Israël, Arménie- Azerbaïdjan. Ainsi, les conflits contemporains sont-ils principalement internes, y compris du fait du terrorisme: en 2019, avec plus de 30 000 morts, l’Afghanistan concentrait à lui seul 60 % du total des victimes de l’année. Ces évolutions ont des causes diverses: développement de la démocratie et des normes de non-recours à la violence armée; progrès de l’hygiène et de la médecine; augmentation considérable du nombre d’Etats (décolonisation, indépendances…).
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits