Des journées entières DANS LES LIVRES
Quatre livres, publiés juste avant le reconfinement, m’ont particulièrement touché. Il s’agit d’abord de deux ouvrages de photos édités par Mack Books. Les feuilletant dans une librairie, j’ai tout de suite été saisi par ce qu’ils semblaient me raconter des derniers mois et la force aussi qui sourdait de leurs pages – comme s’ils allaient à l’encontre de la morosité ambiante et puisaient dans l’époque une force insoupçonnée.
Explications : le premier de ces livres est le nouvel essai photographiqueIl y capte des moments d’intimité, dans son environnement proche, avec les membres de sa famille et notamment avec sa femme qu’il photographie souvent entre deux états de veille et de sommeil – la plus belle des images qu’il prend d’elle étant une photo en noir et blanc la saisissant de dos, dans les draps, ses cheveux tombant de façon gracile le long de son cou, de la naissance de sa colonne vertébrale. Une autre image la surprend de profil, les yeux clos. On ignore si elle dort, prie, médite, réfléchit ou se protège simplement de la lumière, de l’extérieur. Est-elle encore là ? Son esprit est-il avec celui qui la photographie ? Réalisé tout au long des dernières années, et achevé il y a quelques mois, le livre de Meeks semble avoir été fait pour 2020 : il saisit ce que nous vivons collectivement, confinés, et les espaces de beauté, les interstices de lumière qui sont venus s’additionner à nos vies, dans ces moments singuliers durant lesquels l’extérieur n’existe quasiment plus.
