Carlos Tavares Pilote tout-terrain
The Good Life : Nous allons attaquer par une question un peu frontale, en revenant sur un épisode particulier. On est en septembre 2017, au Salon automobile de Francfort. Lors d’une rencontre avec la presse, vous tenez le discours suivant : « Si on nous donne instruction de faire des véhicules électriques, il faut également que les administrations et les autorités assument la responsabilité scientifique. Parce que je ne voudrais pas que, dans trente ans, on ait découvert, les uns ou les autres, quelque chose qui n’est pas aussi beau que ça en a l’air. » Puis, deux ans plus tard, toujours à Francfort, nouvelle sortie de votre part, encore sur la voiture électrique : « Jusqu’à quand les citoyens européens se laisseront-ils dicter par la pensée unique ce qui est bien ou mal ? » Forcément, ces saillies vous valent une réputation de partisan très modéré de l’électrification à grande enjambée de l’automobile. Or, dans les faits, on commence à le comprendre, voiture électrique n’est pas nécessairement synonyme d’automobile propre. Il y a l’impact carbone de la fabrication des composants, leur transport, le problème de recyclage des batteries, l’épuisement des métaux rares, sans parler de la source de l’énergie qui sert à recharger ces voitures… Alors, Carlos Tavares, quelle serait votre feuille de route pour se mettre sur le chemin d’une transition écologique réaliste en matière d’automobile ?
Merci d’attaquer avec cette excellente question frontale. La mobilité est nécessaire à l’être humain parce qu’elle est associée à la liberté de mouvement. Si on l’en prive, il se révoltera. Mais, pour protéger ce besoin essentiel, cette liberté, il faut que la mobilité soit propre. Personne n’est en position, et certainement pas moi, de s’opposer à ce progrès inéluctable. La grande problématique du véhicule électrique, c’est qu’il a été dicté par les gouvernants comme une réaction violente à cette forme d’humiliation qu’a été la tricherie de l’un de nos concurrents allemands Elle a touché l’ensemble de la profession et pas uniquement celui considéré comme fautif. A cause de cette réaction très brutale, on est allé directement à la solution, plutôt que de s’arrêter à ce qu’il était nécessaire de faire pour que la mobilité reste propre. Dans la mesure où les objectifs CO2 ont été définis sur la base d’une prévision de montée en puissance des ventes de modèles électriques, j’en ai déduit que la technologie a été imposée par les pouvoirs publics. En tant que citoyen, je pense que ça représente un risque très important. Sans vouloir faire injure à nos dirigeants, ce n’est pas dans les ministères qu’on va trouver l’expertise scientifique la plus pertinente pour arriver à une mobilité qui soit sûre, abordable et sans émissions. C’est comme
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