Italo Calvino MONSIEUR PALOMAR
Il observe. Comme le lecteur observe le monde par les livres. Telle est l’activité de l’étrange Monsieur Palomar – dont le patronyme vient du mont Palomar où se trouve « le célèbre observatoire astronomique californien » du même nom. Ce mémorable héros de l’ouvrage éponyme d’Italo Calvino, publié initialement en 1983, est aujourd’hui proposé dans une nouvelle traduction. L’auteur du fameux Baron perché1 s’est en effet inspiré d’une rubrique qu’il tenait dans le Corriere della Sera, entre 1975 et 1977, et d’autres textes rédigés pour La Repubblica, afin de composer ce curieux objet littéraire, « fondé sur un rapport direct avec ce que l’on voit ». À la plage, notre homme regarde le ciel et le sable, éprouvant une certaine gêne à la vue d’une jeune femme aux seins nus. Serait-ce de la pudeur ? D’autres créatures dans leur plus simple appareil le dérangent moins, quand il se retrouve au zoo face à un gorille ou à une girafe. Les oiseaux et les reptiles ne manquent pas, au fil des tribulations de ce philosophe contemplatif et taiseux, par ailleurs en extase devant des galantines, des pâtés et autres mets de boucherie ayant « revêtu leur habit de gala ». On pourrait s’attarder sur la différence entre les herbes dans les prés, la largeur des pantoufles ou la typologie des fromages, dans ce grand (et génial) pêle-mêle existentiel, qui en arrive à ce constat presque paradoxal: « Ce n’est qu’après avoir connu la surface des choses […] que l’on peut se lancer à la recherche de ce qu’il y a au-dessous. Mais la surface des choses est inépuisable. »
Monsieur Palomar à la plage
LECTURE D’UNE VAGUE
La mer est
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