LE COUP DE DE CLAIRE CHAZAL
AU-DELÀ DES MAUX
Emmanuelle Favier remercie, à la fin de son ouvrage, les qui l’ont aidée dans l’écriture de : Geneviève Brisac, Agnès Desarthe ou Véronique Olmi. Rien d’étonnant à cela : la romancière Virginia Woolfest le récit sensible et inspiré de l’enfance et de la jeunesse de l’auteure de , des ou . Revenir aux origines est bien sûr pertinent si l’on veut appréhender l’œuvre de Virginia Woolf, tant ses vingt premières années, marquées par la mort prématurée d’une mère belle et tendre et celle d’un père strict et adoré, sous-tendent tous ses livres. Née en 1882 dans un univers victorien, elle surmontera difficilement ces deuils successifs, sans parler des frustrations ou de l’inceste : écrit Emmanuelle Favier. La dépression et la démence ne sont jamais loin. Les diverses tentatives de suicide se succèdent jusqu’à la dernière, fatale, en 1941. Virginia Woolf ne s’aime pas, évite de regarder son visage et son corps anguleux. Elle voudrait, comme ses frères, aller au collège. Elle s’adonne très vite à l’écriture quand sa sœur, Vanessa, peint à ses côtés. Sous la plume d’Emmanuelle Favier, qui a d’abord écrit des recueils de poésie et des pièces de théâtre avant de publier son premier roman, en 2017, le personnage de Virginia Woolf acquiert une force attachante. Elle retranscrit admirablement son ennui dans la maison londonienne de Hyde Park Gate, son amour des Cornouailles et de la mer, au cours des étés passés à Saint Ives. On perçoit une jeune fille indépendante, amoureuse des mots qui deviendra cette figure marquante de la littérature du xx siècle. Le livre refermé, l’envie de lire ou de relire l’œuvre de Virgina Woolf ne nous quitte plus.
