Le design en plein conte de fées autrichien
éduisant palimpseste architectural, le château d’Hollenegg, situé à une quarantaine de kilomètres de Graz, en Autriche, est un parfait exemple de la dynamique créative que peut représenter le dialogue entre disciplines et époques. La première enceinte date du Moyen Âge et les ajouts successifs – Renaissance, baroques, néogothiques, néoclassiques et contemporains – composent un surprenant mais intéressant qui serait signé Sofia Coppola. Mais on ne peut nier qu’il est quand même plutôt loin de tout. Plus habituée à l’agitation urbaine de Milan, Barcelone ou Londres, Alice a donc décidé d’appliquer à sa nouvelle vie délocalisée la définition classique du design: apporter une solution à un problème. Puisque le monde du design s’éloignait géographiquement, elle allait trouver le moyen de le faire venir jusqu’à elle. Schloss Hollenegg for Design, association à but non lucratif vouée au soutien du design émergent, est née de cette évidence inspirée. Manifestation conduite avec exigence par cette néochâtelaine remuante, elle fait donc dialoguer des créations contemporaines commissionnées à une nouvelle génération de jeunes talents internationaux avec le décor historique, grandiose, du château. Lors d’une quatrième édition assurément très mature, qui vient de se tenir fin mai, les projets émanaient aussi bien de Katie Stout (l’une des protégées de la galerie new-yorkaise R&Company), Nel Verbeke, Katie Scott et OS&OOS (tous quatre venus en résidence à Hollenegg au fil de l’année écoulée), que de dix-huit créateurs dont le nom est à retenir de toute urgence: Dean Brown, Commonplace Studio, Crafting Plastics, Alexandra Fruhstorfer, Laurids Gallée, Alexandre Humbert, Kneissl+ Prade, Carolien Niebling, Optimismus, Omer Polak, Sara Ricciardi, Studio Plastique, Studio Quetzal, James Shaw, David Tavcar, Arabeschi di Latte et Ferréol Babin. Chacun d’eux a répondu, à sa manière, à la thématique 2019: « Ad Mensam » (« à table », en latin). Soit une invitation à explorer le mobilier tout autant que les objets, les rituels ou les interactions sociales que le terme évoque. Résultats? Une série de propositions pointues, tour à tour conceptuelles, comme – les verres gravés de dessins de poisons botaniques de Katie Scott en partenariat avec la marque patrimoniale autrichienne Lobmeyr –, ou étonnamment fonctionnelles, comme – le banc-table modulable en hauteur du studio néerlandais Commonplace Studio avec le soutien de la société spécialisée dans les solutions technologiques Logicdata. Ou encore la cuisine cachée dans un placard XXL en pin et installée par Dean Brown dans l’aile où sont hébergés les résidents. Formés à l’École cantonale d’art de Lausanne (ÉCAL), Dorothée Dähler et Kaj Lehmann, des graphistes, et Simone Sandahl, une photographe, ont, pour leur part, signé le catalogue et créé pour l’occasion une police typographique. Il est déjà temps de prendre rendez-vous pour l’année prochaine lorsque Schloss Hollenegg ouvrira à nouveau grand ses portes au public durant ces dix jours de mai où le lierre grimpe si joliment sur les façades de la cour Renaissance.
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