Impeachment: un dossier chargé
D’UN SIMPLE COUP DE TÉLÉPHONE, Donald Trump a trahi la présidence d’une façon auparavant quasi inimaginable. Lors de cet appel, il a essayé de faire pression sur un dirigeant étranger pour l’aider à salir et détruire un adversaire politique ainsi que tout son parti, dans le but de l’avantager dans l’élection présidentielle. Cela va au-delà de toutes ses autres transgressions, de ses corruptions vénales et de la façon dont, chaque jour, il abîme un peu plus l’image de la fonction suprême. Car en faisant de la diplomatie une arme de pouvoir politique personnelle, il attaque les fondements de la République. Après avoir mené une révolution contre la monarchie, les Pères fondateurs avaient compris qu’aucun gouvernement du peuple n’était à l’abri d’abus de pouvoir aussi scandaleux. Comme l’écrivait Alexander Hamilton dans Le Fédéraliste, ils s’inquiétaient particulièrement du fait qu’un président, à travers “la cabale, l’intrigue et la corruption”, pourrait aider “des puissances étrangères [à] obtenir dans nos conseils une influence déplacée”. Dans leur grande sagesse, ils ont créé un mécanisme pour contrer cette corruption: l’impeachment.
L’impeachment est une mesure grave, de dernier recours, qui ne doit être utilisée que dans les cas les plus extrêmes. Aux États-Unis, les électeurs sont censés décider de qui les gouverne. C’est ce que les Pères fondateurs avaient en tête lorsqu’ils ont créé un nouveau gouvernement dans lequel, à tous les niveaux, la souveraineté reviendrait au titre même de la Constitution Des élections légitimement remportées ne peuvent être annulées illégitimement au bon vouloir d’une faction ou d’un parti. Elles ne peuvent être corrigées qu’à l’occasion de l’élection suivante.
